Les déshérités de la fortune.
Des visions brisées enveloppées dans l'injustice et l'humiliation,
Et un nuage de poussière noire étouffe en toute discrétion
Les déshérités de la fortune, dans un puits d'une mine désaffectée
Mine de la mort, du malheur, de l'ennui, de la misère héritée
De père en fils à travers les âges pour servir des têtes odieuses
Des lobbys financiers qui exploitent leur force radieuse
Qui enchaîne leurs bras aux bords des laves
D'un monde aux horizons hostiles qui se chauffent de leurs efforts et plus tard de leurs épaves
Et d'où surgissent des tempêtes ravageuses
Qui avortent leurs rêves et les enterrent dans des promesses farceuses
Au nom d'une politique rocambolesque et ennuyeuse
Qui fait des différences scandaleuses entre les enfants d'une mère patrie,
Au nom d'une oligarchie qui nourrit le précariat et lui trouve un abri
Qui ne se soucie pas d'éthique ni de solidarité mais de profit pourri (...)
Les déshérités de la fortune, dans leurs baraques qui sentent le moisi,
Et le pain pétri de sueur d'une peine qu'ils n'ont pas choisie,
Le soleil s'est totalement éclipsé, la lune aussi
Et la nuit a beaucoup souffert, elle a vieilli: l'attente de l'aube promise l'a roussie.
Au loin, des ruisseaux inondent des bouquets de fleurs et de roses
Que cueillent des mains avides, démentes, atteintes d'une psychose
Pour les sacrifier sur l'autel des demi-dieux qui ont tout le confort, qui s'imposent (...)
Combien de paons, de nos jours, empêchent même une brise
De frôler les visages de leurs congénères ou de leur faire la bise !
Ils détiennent toutes les clés des pouvoirs,
Ils leur assènent des coups d'assommoir.
Ils sont tout le temps en haut des échelles sociales juchés
Contre la précarisation du travail, le chômage et l'avenir gâché
Ils refusent de lutter, il faudrait tout leur mâcher.
Ils veulent que les déshérités se fassent hachés,
Eux, qui ont plus de cordes à leurs arcs
Eux, qui sont aux gouvernails de tous les bateaux et de toutes les barques
Ont planté dans les bras des ouvriers naïfs leurs griffes
C'est pourquoi les pauvres crachent tout le temps leurs poumons et leur sang répulsif.
Ils ne consentent pas à moraliser tous les marchés,
A les encadrer par des scrupules, une foi et des lois
A rééquilibrer les profits du capital par des exigences :
Une justice sociale et une vraie solidarité
Afin d'aboutir à une efficience de la compétitivité. (...)
On ne devrait pas aux déshérités imposer le silence !
On est tenu de les écouter en maintenant égale la balance !
Ils en ont marre de l'existence, de l'insouciance !
Contre l'infortune et la négligence, ils ne cessent de déclamer,
Contre vents et marée, ils ont longtemps ramé. (...)
Les déshérités, jadis,servaient leurs maîtres même s'ils étaient affamés !
Conscients, aujourd'hui, que les temps sont révolus,
Ils ont décidé de faire face à leur destin railleur, cocu et goulu.
Ils n'ont plus rien à perdre sauf leurs chaînes
Et les braises du charbon ardent qui souvent les traînent
Vers les feux de la faim qui les enflammaient (...)
Mohammed Hachoum
Agadir, le 04 janvier 2018.
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